La charte

Charte Calandreta – Ensenhament laíc immersiu occitan
Traduction française de la version languedocienne, votée à l’AG de Limoux – 21/05/2005
Modifiée par l’AG de Carcassonne – 21/05/2017

Introduction
La Déclaration universelle des droits de l’homme ;
La Convention internationale des droits des enfants ;
La Charte européenne des langues régionales et minoritaires ;
La Convention-cadre pour la protection des minorités nationales ;
affirment le droit à la différence, le droit de chacun à s’exprimer dans sa langue d’origine, d’où est issu le
droit à un enseignement dans cette langue.
C’est en référence à ces textes fondamentaux que Calandreta conduit son action d’enseignement en
occitan, en développant un esprit de tolérance et de respect de la différence.

1. L’objectif
1.1. L’objectif de Calandreta est de transmettre la langue et la culture occitanes aux enfants en assurant
leur scolarisation en occitan dès l’école maternelle. L’occitan enseigné dans une Calandreta est celui de
sa zone dialectale. Chaque établissement Calandreta tient compte de la réalité de la pratique de la
langue dans son environnement proche et participe aux actions en faveur de son épanouissement et de
sa reconnaissance.
1.2. À Calandreta, des parents, des enseignants et des amis de la langue s’associent « pour faire école »
en érigeant des établissements scolaires primaires et secondaires. Chaque établissement Calandreta est
conduit par une association. La langue occitane a sa place dans la vie associative du mouvement
Calandreta.
1.3. Calandreta construit, par l’immersion totale, les conditions d’un bilinguisme véritable dès l’école
maternelle, pour donner à chaque enfant l’opportunité de bâtir de bonnes constructions cognitives. En
élémentaire les calandrons apprennent à lire d’abord en occitan.
1.4. Ils cheminent vers les langues et les cultures romanes, et aussi toutes les autres, en s’appuyant sur
l’occitan comme langue vertébrale.
1.5. Une mission des établissements secondaires Calandreta est de valoriser le bilinguisme des enfants
qui viennent du primaire. Ce bilinguisme doit permettre de réussir le brevet spécial en occitan et d’arriver
à un plurilinguisme en fin de 3ème qui sera poursuivi au lycée.
1.6. Calandreta prolonge l’immersion après le baccalauréat à l’établissement d’enseignement supérieur
APRENE (1).

2. S’associer pour faire école
2.1. Chaque établissement Calandreta est conduit par une association, déclarée dans le cadre de la loi
de 1901. L’association Calandreta doit obtenir l’agrément de la Confédération Calandreta-Ensenhament
laíc immersiu occitan (qui sera désignée par la suite comme confédération Calandreta ou confédération).
L’association et l’équipe pédagogique sont garantes de la mise en oeuvre de la Charte Calandreta.
2.2. Calandreta offre un service public d’enseignement en occitan dans des établissements laïques où
l’enseignement est gratuit. Ce mouvement associatif est indépendant des organisations politiques,
syndicales et religieuses. Pour mettre en oeuvre son projet et pour le développer, Calandreta construit
une collaboration effective entre les collectivités territoriales, les enseignants et les parents.
2.3. L’association agit en liaison avec la confédération Calandreta et les fédérations départementales et
régionales désignées par la confédération.
2.4. Calandreta associe les volontés, les énergies et les compétences pour développer l’emploi de
l’occitan comme langue d’usage pour toute la vie de l’école.
Calandreta souhaite que les parents de calandrons favorisent, dans la vie familiale, une ambiance
propice à l’emploi quotidien de l’occitan. Pour cette raison, Calandreta s’engage à faciliter l’entrée de
quiconque dans la langue et la culture occitanes (2).
2.5. L’association a une responsabilité par rapport au personnel qui travaille dans l’établissement, qu’elle
en soit directement l’employeur ou non. Les enseignants payés par l’État le sont grâce à un contrat
d’association signé entre l’État, l’établissement et la confédération Calandreta.
2.6. Au niveau administratif, l’association et le chef d’établissement décident ensemble et en concertation,
même si ce dernier est l’interlocuteur de l’Éducation Nationale.
2.7. Dans chaque établissement Calandreta, les « rescambis » (rencontres – échanges) sont un lieu
privilégié où partager le projet entre parents et enseignants. Le lieu d’élaboration du projet Calandreta est
le congrès, tous les acteurs du mouvement y sont invités.

3. Immersion et Pédagogie
3.1. Dans chaque établissement Calandreta, l’occitan est langue enseignante et langue enseignée, tant à
l’oral qu’à l’écrit. Calandreta emploie la méthode de l’immersion précoce à l’école maternelle (3). En
particulier, Calandreta constate qu’une langue renforce l’autre, et qu’il faut accorder aux enfants le temps
nécessaire pour qu’ils construisent eux-mêmes leurs apprentissages.
3.2. A Calandreta, les apprentissages se font d’abord en occitan. Les enseignants font vivre les
« palancas » (comparaisons conscientes de la langue). Le français entre progressivement en classe,
après l’acquisition de la lecture en occitan, de façon individualisée. Il est enseigné au cycle 2, quand la
lecture est bien engagée, en lien avec l’occitan et les autres langues romanes. Les cours de français sont
intégrés aux cours de langue. Les heures de français en primaire sont planifiées ainsi chaque semaine :
CE1 = 3 heures ; CE2 = 4 heures ; CM1 = 5 heures ; CM2 = 6 heures.
Calandreta choisit la graphie classique et les normes proposées par le Congrès permanent de la langue
occitane (Conseil de la langue occitane) (4).
3.3. La langue occitane est langue de culture : le projet pédagogique inclut la découverte de la culture
occitane sous toutes ses formes et expressions. Les calandrons se familiarisent en classe, petit à petit,
avec tout le domaine linguistique occitan, dans toutes ses variantes principales (tous ses grands
dialectes).
3.4 Les programmes «Familles de langues» et «Musiques des langues» permettent de passer du
bilinguisme au plurilinguisme. L’apprentissage d’une autre langue (autre que l’occitan et le français) peut
démarrer à partir du CE1, et Calandreta préconise le suivi de ces programmes (Familles de Langues et
Musiques des Langues) pour ce faire (5). La comparaison des langues et l’éveil aux langues sont essentiels
pour comprendre le monde.
3.5. Les enseignants fonctionnent en équipe pédagogique d’établissement, qui se réunit au moins une
fois chaque semaine en « conseil ». Cette équipe prépare le projet d’école dans le cadre de la Charte Calandreta, et garantit autant la place de la langue dans l’établissement que l’orientation pédagogique
dans les classes. Calandreta, avec les enseignants organisés en équipes pédagogiques et en partenariat
avec l’établissement d’enseignement supérieur APRENE, développe une méthode de pédagogie
singulière qui allie l’immersion linguistique, inspirée des travaux des psycholinguistes sur l’éducation
bilingue en immersion précoce (6), et une pédagogie active dans la continuité de Freinet et des apports de
la Pédagogie Institutionnelle (7).
3.6. Dans les classes, Calandreta encourage la mise en place d’institutions (8) qui donnent la parole aux
enfants, qui les rendent autonomes, qui règlent la vie des groupes et qui ouvrent la classe vers l’extérieur.
3.7. L’objectif est d’assurer une continuité de la maternelle jusqu’au lycée, et de donner du sens aux
apprentissages. Les établissements Calandreta développent une pédagogie du sujet acteur dans un
groupe, adaptée tant au premier qu’au segond degré.
3.8. Le lieu d’élaboration du projet Calandreta est le congrès. Les enseignants y participent ainsi qu’aux
réunions fédérales. Ils ont des représentants élus dans chaque institution Calandreta.
Les enseignants sont acteurs de leur formation initiale à APRENE et de leur formation continue avec le
Centre de Formation Professionnelle Occitan (CFPO) de Beziers. Les enseignants respectent les
instructions officielles de l’Éducation Nationale et le niveau scolaire des enfants doit être en conformité
avec ces instructions. Dans les établissements Calandreta, le « Rescambi » est le lieu privilégié où
partager le projet.

4. Action culturelle
4.1. Chaque établissement Calandreta anime une action culturelle occitane et se lie à la vie culturelle de
son environnement. Calandreta estime qu’il faut redonner à certaines fêtes du calendrier annuel un
contenu et une signification cohérente avec la culture occitane.
4.2. Ceci donne du sens à la langue pour les calandrons, encourage la Calandreta, renforce la
convivialité et la cohésion, et permet de faire connaître et reconnaître Calandreta par la population et par
les institutions. Pour conduire cette action, les associations Calandreta publient le calendrier annuel de
leurs manifestations culturelles occitanes.
4.3. À chaque réunion de l’association, l’activité culturelle occitane a sa place parmi les questions du jour.

Conclusion
Cette Charte fixe les principes communs entre les établissements Calandreta affiliés à la Confédération
Calandreta.
Pour pouvoir user du nom “Calandreta”, une association doit obtenir et maintenir son affiliation à la
Confédération, adhérer à la Charte, et en respecter autant les termes que l’esprit.
Les quatre aspects, l’associatif, le linguistique, le pédagogique et l’action culturelle occitane, ne peuvent
pas se séparer : c’est la rencontre des quatre qui s’identifie sous le vocable «Calandreta»

1 – Établissement d’enseignement supérieur associatif fondé par la Confédération Calandreta en 1996 pour assurer la formation initiale des enseignants dans le cadre ouvert par le protocole d’accord signé avec l’État et selon les prescriptions de Calandreta.
2 – Par exemple, elle favorise la tenue de « setmanièrs » à l’école (sessions hebdomadaires où les adultes peuvent se
baigner dans la langue occitane de chez eux).

3 – En référence à l’oeuvre du professeur Jean Petit et aux recherches de Lambert et Taylor.
4 – Calandreta choisit la norme classique pour enseigner les structures grammaticales et lexicales aux enfants, et comme outil de travail quotidien. Pour autant, Calandreta favorise l’accès des enfants aux oeuvres littéraires et aux autres productions écrites dans la norme graphique dite mistralienne, dans un souci d’ouverture culturelle et de connaissance d’auteurs majeurs de notre littérature.
5 – Au cas où un intervenant extérieur en est chargé, il doit rester en cohérence avec les pratiques pédagogiques des enseignants
6 – Notamment Jean Petit et Gilbert Dalgalian.

7 – Notamment de Celestin Freinet, Fernand Oury et René Laffitte.
8 – Les “métiers”, le “Conseil”, le “Quoi de neuf”, “l’auto-évaluation”, les “ceintures de couleur”, le “journal scolaire”, la “correspondance scolaire”, le “texte libre” avec le “choix de texte”, le “marché” avec “la monnaie”, sont des exemples de dispositifs institués en classe à Calandreta (cette liste n’est pas prescriptive).

Carta Calandreta_fr_2017 p 1 / 3 AG confederala de Carcassona, 21/05/2017